JANVIER, Ludovic
Voyage au rien
Une caresse l'évanouit
une caresse la rassemble
elle tremble au fil de la peau
elle naît de son ventre ouvert
elle descend par le silence
elle remonte par le cri
elle guette au bord du sanglot
l'infini qui la précipite
un éclair étreint la douceur
dehors et la douceur dedans
corps obscur elle est de retour
par le frisson mémoire brusque
//////////////////////////////
Femmes qui passent ne veut pas dire
qu'elles passent au large de moi
mais qu'elles passent à travers moi
regards allures et parfums
en y laissant de multiples traces
aussitôt gonflées comme un plumage
lequel tarde à se refermer
//////////////////////////////
Rien que le goût d’habiter nus
Dans la maison légère de l’odeur
Rien que deux folies au secret
Faisant crier la douceur de la greffe
Rien que ce goût de sel aux bouches
Deux chairs cognées par un seul bruit de cœur
Rien que mordre à l’un mordre à l’autre
Forts de l’instant qui va jusqu’à nos pieds
Rien que boire à l’un boire à l’autre
L’ombre est dedans on y ferme les yeux
Respirer rien que respirer
En voyageant par le calme du lit.