GOSCINNY, René
Le petit Nicolas
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«Un fermier va à la foire, a dit Agnan dans un panier, il a vingt-huit oeufs à cinq cents francs faire manger son livre d’arithmétique, avec le fermier, les oeufs et les lunettes! » Agnan, alors, s’est mis à pleurer. Il nous a dit que nous étions des méchants et qu’il le dirait à ses parents et qu’ils nous feraient tous renvoyer et le Bouillon a ouvert la porte. On était tous assis à nos places et on ne disait rien et le Bouillon a regardé Agnan qui pleurait tout seul assis au bureau de la maîtresse. «Alors quoi, il a dit le Bouillon, c’est vous qui vous dissipez, maintenant? Vous allez me rendre fou! Chaque fois que je viens, il y en a un autre qui fait le pitre! Regardez-moi bien dans les yeux, tous! Si je reviens encore une fois et que je vois quelque chose d’anormal, je sévirai!» et il est parti de nouveau. Nous, on s’est dit que ce n’était plus le moment de faire les guignols, parce que le surveillant, quand il n’est pas content, il donne de drôles de punitions. On ne bougeait pas, on entendait seulement renifler Agnan et mâcher Alceste, un copain qui mange tout le temps. Et puis, on a entendu un petit bruit du côté de la porte. On a vu le bouton de porte qui tournait très doucement et puis la porte a commencé à s’ouvrir petit à petit, en grinçant. Tous, on regardait et on ne respirait pas souvent, même Alceste s’est arrêté de mâcher. Et, tout d’un coup, il y en a un qui a crié : « C’est le Bouillon! » La porte s’est ouverte et le Bouillon est entré, tout rouge. «Qui a dit ça?» il a demandé. «C’est Nicolas!» a dit Agnan. «C’est pas vrai, sale menteur!» et c’était vrai que c’était pas vrai, celui qui avait dit ça, c’était Rufus. «C’est toi! C’est toi! C’est toi!» a crié Agnan et il s’est mis à pleurer. «Tu seras en retenue! » m’a dit le Bouillon. Alors je me suis mis à pleurer, j’ai dit que ce n’était pas juste et que je quitterais l’école et qu’on me regretterait bien. «C’est pas lui, m’sieu, c’est Agnan qui a dit le Bouillon!» a crié Rufus.
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