SARRAZIN, Albertine
Verona lovers
Sur les frais oreillers de marbre ciselé
Où fane un lourd feston de corolles savantes
Se confondent sans fin les amants aux amantes
Qui se sont fait mourir du verbe ensorcelé
Avares du vieillir , Ô vous enviez-les
D'avoir sur le tremplin des extases si lentes
Laissé ce million de minutes naissantes
Et bien royalement le monde tel qu'il est
Cette nuit là comme ils s'aimèrent sans mensonges
Quelque pouce géant dans sa toute bonté
A fait rouler leurs yeux hors des coffres du songe
Cependant que très loin sur les terres bénies
Les violons têtus enchantaient les Asies
Et riaient de tendresse leurs divinités
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Tu étais mon amant tu demeures mon maître
Et cette certitude est chère infiniment
Savoir que n’importe où et n’importe comment
Nos yeux sauront un jour enfin se reconnaître
Oui nous étions cruels et soucieux de l’être
Au répit que la vie accorda un moment
Et notre long exil se baigne maintenant
A cet amour blessé avant même de naître
Délivré à jamais des sombres violences
Mon corps émerveillé rêve sous les silences
En écoutant jaillir et chantonner mon cœur
Car je sais qu’à la joie est une étroite porte
Qu’il faut pour mériter la tranquille douceur
Aux privilégiés une épreuve plus forte