PAPILLON de Lasphrise, Marc



Ton poil, ton oeil, ta main, crêpé, astré, polie,

Ton poil, ton oeil, ta main, crêpé, astré, polie,

Si blond, si bluettant, si blanche, alme beauté,

Noue, ard, touche mes ans, mes sens, ma liberté,

Les plus chers, les plus prompts, la plus parfaite amie.


Mais ce noeud, mais ce feu, mais ce trait gâte-vie,

Qui m'enlace, m'enflamme, et me navre arrêté,

Étreint, encendre, occis, avecque cruauté,

Quel cheveu, quel flambeau, quelle dextre ennemie ?


Phébus, Cypris, l'Aurore, ange du plaisant jour,

Ton poète, ta mère, et ta cousine amour,

Porte-crins, porte-rais, porte-doigts agréables,


Puisses-tu donc, beau poil, bel oeil, et belle main,

Lier, brûler, blesser, mon coeur, mon corps, mon sein,

De cordelles, d'ardeurs, de plaies amiables.


Çà, je veux fourniller

Çà, je veux fourniller en ton joli fourneau

Car j’ai de quoi éteindre et allumer la flamme ;

Je vous veux chatouiller jusqu’au profond de l’âme,

Et vous faire mourir avec un bon morceau.


Ma petonne, inventons un passe-temps nouveau,

Le chantre ne vaut rien qui ne dit qu’une gamme ;

Faites donc le seigneur et je ferai la dame,

Serrez, poussez, entrez, et retirez tout beau.


Je remuerai à bonds d’une vitesse ardente,

Nos pieds entrelacés, notre bouche baisante,

La langue frétillarde ira s’entre-mouillant.


Jouons assis, debout, à côté, par-derrière

(Non à l’italienne) et toujours babillant,

Cette diversité est plaisante à Cythère.



Cousinons la cousine

Cousinons la cousine, elle est cointe et jolie,

Elle aime à cousiner, et ne refuse rien

Au cousin cousinant, qui la cousine bien,

Car il a bouche à cour, et la chambre garnie.


En si beau cousinage un cousin ne s'ennuie,

Ce n'est que sucre et miel, ce n'est qu'humble entretien,

Il ne manque d'attraits, de faveurs, de moyen,

Tant qu'il peut cousiner sa cousine s'amie.


Cousinons donc, cousins, un chacun à son tour,

Cousinant à rangette on cousine en amour,

Que chaque cousineux en cousinant s'assemble !


Mais non, nobles cousins, fuyons ce coeur paillard,

Laissons le cousiner au cousin grand pendard,

Car au cheval Séjan la cousine ressemble.


Ha Dieu ! que j'ai de bien alors que je baisotte


Ha Dieu ! que j'ai de bien alors que je baisotte

Ma jeune folion dedans un riche lit

Ha Dieu ! que j'ai de bien en ce plaisant conflit,

Perdant mon plus beau sang par une douce flotte.


Ha Dieu ! que j'ai de bien lorsque je la mignotte,

Lorsque je la chatouille, et lorsqu'elle me rit.

Ha Dieu ! que j'ai de bien quand j'entends qu'elle dit

D'une soufflante voix : " Mon mignon, je suis morte ! "


Et quand je n'en puis plus, ha Dieu ! que j'ai de bien

De faire la moquette en m'ébattant pour rien.

Ha Dieu ! que j'ai de bien de pinçotter sa cuisse,


De lécher son beau sein, de mordre son tétault,

Ha Dieu ! que j'ai de bien en ce doux exercice,

Maniant l'honneur blond de son petit tonneau.