DES FORÊTS, Louis-René
Encore combien de fois faudra-t-il dire
ce qu’on a dit et redit maintes fois ?
Combien de fois encore rêver d’un langage
Non asservi aux mots comme en ces jours
Où tout tremblant d’un timide désir
On n’avait soif que d’étreintes silencieuses
Qui comblent mieux que les plus graves échanges ?"
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Il y eut pour réveiller ce mauvais tourment d’enfance
Cet autre enfant épris du même mirage secret"
Trois cents vers hurlés au vent en 1967
"Ceci fut le lieu, ceci est le bastion où flottent encore
La loque de ton cri, le signe amer de ton doigt"
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Les mots dont chacun use et abuse jusqu’au jour de sa mort
Les a-t-on jamais vus agiter les feuilles, animer un nuage ?
Quiconque entend bénéficier du silence
Ne peut acquérir la sagesse de se taire.
Mieux vaut tant que la langue ne fait pas défaut
Parler de tout autre chose pour n’en rien dire
Et de la mort même qui étant sans contenu
Se drape dans une sombre emphase oratoire
A la mesure du grand effroi qu’elle inspire,
Plus ancien que les grands mots dont on use
Comme de fleurs fausses pour parer une tombe,
Leurs corolles emperlées, si le temps les noircit,
Rouillent moins vite que notre mémoire des morts.
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