MISTRAL, Frédéric
Lou cant dou Souleu
Grand soleil de la Provence,
gai compère du mistral,
toi qui taris la Durance
comme un flot de vin de Crau,
Fais briller ta blonde Iampe!
Chasse l'ombre et les fléaux
Vite! vitel vite!
Montre-toi, beau soleil
Ta flamme nous rôtit,
et pourtant, vienne l'été,
Avignon, Arles et Marseille
te reçoivent comme un dieu!
…..
Mireille
Chant X
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Cantarai, se Dièu vou, un enfant de Cassis,
Qu'emé soun gàubi e'mé sa voio Dou pur amour gagnè li joio, L'empèri, lou trelus. ….. |
maintenant que j’ai dit l’infortune,
je
chanterai
, si
Dieu
veut
, un
enfant
de
Cassis
,
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La Coupo Santo
Provençaux, voici la coupe
Qui nous vient des Catalans.
Tour à tour buvons ensemble
Le vin pur de notre cru.
Coupe sainte
Et débordante
Verse à pleins bords,
Verse à flots
Les enthousiasmes
Et !'énergie des forts !
D'un ancien peuple fier et libre
Nous sommes peut-être la fin ;
Et, si tombent les félibres,
Tombera notre nation
D'une race qui regerme
Peut-être somme nous les premiers jets ;
De la patrie, peut-être, nous sommes
Les piliers et les chefs.
Verse nous les espérances
et les rêves de la jeunesse,
Le souvenir du passé
Et la foi dans l'an qui vient.
Verse nous la connaissance
Du Vrai comme du Beau,
Et les hautes jouissances
Qui se rient de la tombe.
Verse nous la Poésie
Pour chanter tout ce qui vit,
Car c'est elle l'ambroisie
Qui transforme l'homme en Dieu.
Pour la gloire du pays
Vous enfin nos complices
catalans, de loin, ô frères,
Tous ensemble, communion
Magali
O Magali, ma tant aimée,
Mets la tête à la fenêtre !
Ecoute un peu cette aubade
De tambourins et de violons.
Le ciel est là-haut plein d'étoiles,
Le vent est tombé ;
Mais les étoiles pâliront
En te voyant.
Pas plus que du murmure des branches,
De ton aubade je fais cas !
Mais je m'en vais dans la mer blonde
Me faire anguille de rocher.
O Magali, si tu te fais
Le poisson de l'onde,
Moi, le pêcheur je me ferai,
Je te pêcherai !
Oh ! mais, si tu te fais pêcheur,
Quand tu jetteras tes verveux,
Je me ferai l'oiseau qui vole,
Je m'envolerai dans les landes.
O Magali, si tu te fais
L'oiseau de l'air,
Je me ferai, moi, le chasseur,
Je te chasserai.
Aux perdreaux, aux becs-fins,
Si tu viens tendre tes lacets,
Je me ferai, moi, l'herbe fleurie,
Et me cacherai dans les prés vastes.
O Magali, si tu te fais
La marguerite,
Je me ferai, moi, l'eau limpide,
Je t'arroserai.
Si tu te fais l'onde limpide,
Je me ferai, moi, le grand nuage,
Et promptement m'en irai ainsi
En Amérique, là-bas bien loin !
O Magali, si tu t'en vas
Aux lointaines Indes,
Je me ferai, moi, le vent de mer,
Je te porterai !
Si tu te fais le vent marin,
Je fuirai d'un autre côté :
Je me ferai l'échappée ardente
Du grand soleil qui fond la glace !
O Magali, si tu te fais
Le rayonnement du soleil,
Je me ferai, moi, le vert lézard,
Et te boirai.
Si tu te rends la salamandre
Qui se cache dans le hallier,
Je me rendrai, moi, la pleine lune
Qui éclaire les sorciers dans la nuit !
O Magali, si tu te fais
Lune sereine,
Je me ferai, moi, belle brume,
Je t'envelopperai.
Mais si la brume m'enveloppe,
Pour cela tu ne me tiendras pas;
Moi, belle rose virginale,
Je m’épanouirai dans le buisson !
O Magali, si tu te fais
La rose belle,
Je me ferai, moi, le papillon,
Je te baiserai.
Va, poursuivant, cours, cours !
Jamais, jamais, tu ne m'atteindras.
Moi de l'écorce d'un grand chêne
Je me vêtirai dans la forêt sombre.
O Magali, si tu te fais
L'arbre des mornes,
Je me ferai, moi, la touffe de lierre,
Je t'embrasserai !
Si tu veux me prendre à bras-le-corps,
Tu ne saisiras qu'un vieux chêne ...
Je me ferai blanche nonnette
Du monastère du grand Saint Blaise !
O Magali, si tu te fais
Nonnette blanche,
Moi, prêtre, je confesserai,
Et t'entendrai !
Si du couvent tu passes les portes,
Tu trouveras toutes les nonnes
Autour de moi errantes,
Car en suaire tu me verras !
O Magali, si tu te fais
La pauvre morte,
Je me ferai donc la terre,
Là je t'aurai !
Maintenant je commence enfin à croire
Que tu ne me parles pas en riant.
Voici mon annelet de verre
Pour souvenir, beau jouvenceau !
O Magali, tu me fais du bien ! ...
Mais, dès qu'elles t'ont vue,
O Magali, vois les étoiles,
Comme elles ont pâli !"