RIVIERE, Jean-Max


La Madrague

Sur la plage abandonnée

Coquillage et crustacés

Qui l'eût cru déplorent la perte de l'été

Qui depuis s'en est allé

On a rangé les vacances

Dans des valises en carton

Et c'est triste quand on pense à la saison

Du soleil et des chansons

Pourtant je sais bien l'année prochaine

Tout refleurira nous reviendrons

Mais en attendant je suis en peine

De quitter la mer et ma maison

Le mistral va s'habituer

A courir sans les voiliers

Et c'est dans ma chevelure ébouriffée

Qu'il va le plus me manquer

Le soleil mon grand copain

Ne me brulera que de loin

Croyant que nous sommes ensemble un peu fâchés

D'être tous deux séparés

Le train m'emmènera vers l'automne

Retrouver la ville sous la pluie

Mon chagrin ne sera pour personne

Je le garderai comme un ami

Mais aux premiers jours d'été

Tous les ennuis oubliés

Nous reviendrons faire la fête aux crustacés

De la plage ensoleillée



Il Suffirait De Presque Rien

Il suffirait de presque rien

Peut-être dix années de moins

Pour que je te dise "Je t'aime"

Que je te prenne par la main

Pour t'emmener à Saint-Germain

T'offrir un autre café-crème

Mais pourquoi faire du cinéma

Fillette allons regarde-moi

Et vois les rides qui nous séparent

A quoi bon jouer la comédie

Du vieil amant qui rajeunit

Toi même ferais semblant d'y croire

Vraiment de quoi aurions-nous l'air

J'entends déjà les commentaires

"Elle est jolie, comment peut-il encore lui plaire

Elle au printemps, lui en hiver"

Il suffirait de presque rien

Pourtant personne tu le sais bien

Ne repasse par sa jeunesse

Ne sois pas stupide et comprends

Si j'avais comme toi vingt ans

Je te couvrirais de promesses

Allons bon voilà ton sourire

Qui tourne à l'eau et qui chavire

Je ne veux pas que tu sois triste

Imagine ta vie demain

Tout à côté d'un clown en train

De faire son dernier tour de piste

Vraiment de quoi aurais-tu l'air

J'entends déjà les commentaires

"Elle est jolie, comment peut-il encore lui plaire

Elle au printemps, lui en hiver"

C'est un autre que moi demain

Qui t'emmènera à St-Germain

Prendre le premier café crème

Il suffisait de presque rien

Peut-être dix années de moins

Pour que je te dise "Je t'aime"



Le Petit Garcon

Ce soir mon petit garçon mon enfant mon amour

Il pleut sur la maison mon garçon, mon amour

Comme tu lui ressembles

On reste tous les deux

On va bien jouer ensemble

On est là tous les deux seuls

Ce soir elle ne rentre pas, je n'sais plus, je n'sais pas

Elle écrira demain peut-être nous aurons une lettre

Il pleut sur le jardin

Je vais faire du feu

Je n'ai pas de chagrin

On est là tous les deux, seuls

Attends, je sais des histoires

Il était une fois

Il pleut dans ma mémoire

Je crois ne pleure pas

Attends, je sais des histoires

Mais il fait un peu froid ce soir

Une histoire de gens qui s'aiment

Une histoire de gens qui s'aiment

Tu vas voir

Ne t'en va pas

Ne me laisse pas

Je ne sais plus faire de feu mon enfant, mon amour

Je ne peux plus grand-chose mon garçon, mon amour

Comme tu lui ressembles

On est là tous les deux

Perdus parmi les choses

Dans cette grande chambre, seuls

On va jouer à la guerre et tu t'endormiras

Ce soir elle ne s'ra pas là, je n'sais plus, je n'sais pas

Je n'aime pas l'hiver

Il n'y a plus de feu

Il n'y a plus rien à faire

Qu'à jouer tous les deux, seuls

Attends, je sais des histoires

Il était une fois

Je n'ai plus de mémoire

Je crois, ne pleure pas,

Attends, je sais des histoires

Mais il est un peu tard ce soir

L'histoire de gens qui s'aimèrent

Et qui jouèrent à la guerre

Ecoute-moi

Elle n'est plus là

Non; ne pleure pas.



L'amitié

Beaucoup de mes amis sont venus des nuages

Avec soleil et pluie comme simples bagages

Ils ont fait la saison des amitiés sincères

La plus belle saison des quatre de la terre

Ils ont cette douceur des plus beaux paysages

Et la fidélité des oiseaux de passage

Dans leurs cœurs est gravée une infinie tendresse

Mais parfois dans leurs yeux se glisse la tristesse

Alors, ils viennent se chauffer chez moi

Et toi aussi tu viendras

Tu pourras repartir au fin fond des nuages

Et de nouveau sourire à bien d'autres visages

Donner autour de toi un peu de ta tendresse

Lorsqu'un autre voudra te cacher sa tristesse

Comme l'on ne sait pas ce que la vie nous donne

Il se peut qu'à mon tour je ne sois plus personne

S'il me reste un ami qui vraiment me comprenne


J'oublierai à la fois mes larmes et mes peines

Alors, peut-être je viendrai chez toi

Chauffer mon cœur à ton bois