BERGER, Michel


Evidemment


Y a comme un goût amer en nous

Comme un goût de poussière dans tout

Et la colère qui nous suit partout


Y a des silences qui disent beaucoup

Plus que tous les mots qu'on avoue

Et toutes ces questions qui ne tiennent pas debout


Evidemment

Evidemment

On danse encore

Sur les accords

Qu'on aimait tant


Evidemment

Evidemment

On rit encore

Pour les bêtises

Comme des enfants

Mais pas comme avant


Et ces batailles dont on se fout

C'est comme une fatigue, un dégoût

A quoi ça sert de courir partout

On garde cette blessure en nous

Comme une éclaboussure de boue

Qui n'change rien, qui change tout


Evidemment

Evidemment

On danse encore

Sur les accords

Qu'on aimait tant


Evidemment

Evidemment

On rit encore

Pour les bêtises

Comme des enfants


Mais pas comme avant

Pas comme avant


Pour me comprendre


Pour me comprendre

Il faudrait savoir qui je suis

Pour me comprendre

Il faudrait connaître ma vie

Et pour l'apprendre

Devenir mon ami


Pour me comprendre

Il aurait fallu au moins ce soir

Pouvoir surprendre

Le chemin d'un de mes regards

Triste mais tendre

Perdu dans le hasard


Je l'ai connue toute petite

Dans les bras de sa grande maman

Dommage, dommage

J'aimais tellement son visage


Pour me comprendre

Il faudrait savoir le décors

De mon enfance

Le souffle de mon frère qui dort

La résonance

De mes premiers accords


Pour me comprendre

Il faudrait connaître mes nuits

Mes rêves d'amour

Et puis mes longues insomnies

Quand vient le jour

La peur d'affronter la vie


Il y a peut-être quelque part

Un bonheur dont j'aurai eu ma part

Dommage, dommage

J'aimais tant certains paysages


Pour me comprendre

Il faudrait la connaître mieux

Que je ne pourrai

Il faudrait l'aimer plus que moi

Et je vous dirai

Que je n'y crois vraiment pas


Pour me comprendre

Il faudrait avoir rencontré

L'amour le vrai

Vous comprenez le grand amour

Et savoir qu'après

À quoi sert de vivre encore un jour


Seras-tu là?

Et quand nos regrets viendront danser

autour de nous, nous rendre fous

Seras-tu là ?


Pour nos souvenirs et nos amours

inoubliables, inconsolables,

Seras-tu là ?


Pourras-tu suivre là où je vais ?

Sauras-tu vivre le plus mauvais,

la solitude, le temps qui passe

et l'habitude, regarde-les,

nos ennemis, dis-moi que oui,

dis-moi que oui.


Quand nos secrets n'auront plus cours

et quand les jours auront passé

Seras-tu là ?


Pour, pour nos soupirs sur le passé

que l'on voulait, que l'on rêvait

Seras-tu là ?


Pourras-tu suivre là où je vais ?

Sauras-tu vivre le plus mauvais

la solitude, le temps qui passe

et l'habitude, regarde-les,

nos ennemis, dis-moi que oui,

dis-moi que oui.

Seras-tu là ?



Ella, elle l’a

C'est comme une gaieté

Comme un sourire

Quelque chose dans la voix

Qui paraît nous dire "viens"

Qui nous fait sentir étrangement bien

C'est comme toute l'histoire

Du peuple noir

Qui se balance

Entre l'amour et l'désespoir

Quelque chose qui danse en toi

Si tu l'as, tu l'as

Ella, elle l'a

Ce je n'sais quoi

Que d'autres n'ont pas

Qui nous met dans un drôle d'état

Ella, elle l'a

Ella, elle l'a

Elle a ce tout petit supplément d'âme

Cet indéfinissable charme

Cette petite flamme

Tape sur des tonneaux

Sur des pianos

Sur tout ce que dieu peut te mettre entre les mains

Montre ton rire ou ton chagrin

Mais que tu n'aies rien, que tu sois roi

Que tu cherches encore les pouvoirs qui dorment en toi

Tu vois ça ne s'achète pas

Quand tu l'as tu l'as

Ella, elle l'a

Ce je n'sais quoi

Que d'autres n'ont pas

Qui nous met dans un drôle d'état

Ella, elle l'a

Ella, elle l'a


Il Jouait Du Piano Debout

Ne me dites pas que ce garçon était fou

Il ne vivait pas comme les autres, c'est tout

Et pour quelles raisons étranges

Les gens qui n'sont pas comme nous,

Ça nous dérange

Ne me dites pas que ce garçon n'valait rien

Il avait choisi un autre chemin

Et pour quelles raisons étranges

Les gens qui pensent autrement

Ça nous dérange

Ça nous dérange

Il jouait du piano debout

C'est peut-être un détail pour vous

Mais pour moi, ça veut dire beaucoup

Ça veut dire qu'il était libre

Heureux d'être là malgré tout

Il jouait du piano debout

Quand les trouillards sont à genoux

Et les soldats au garde à vous

Simplement sur ses deux pieds,

Il voulait être lui, vous comprenez

Il n'y a que pour sa musique, qu'il était patriote

Il s'rait mort au champ d'honneur pour quelques notes

Et pour quelles raisons étranges,

Les gens qui tiennent à leurs rêves,

Ça nous dérange

Lui et son piano, ils pleuraient quelques fois

Mais c'est quand les autres n'étaient pas là

Et pour quelles raisons bizarres,

Son image a marqué ma mémoire,

Ma mémoire..

Il jouait du piano debout

Il chantait sur des rythmes fous

Et pour moi ça veut dire beaucoup

Ça veut dire essaie de vivre

Essaie d'être heureux,

Ça vaut le coup.


Quelque Chose De Tennessee

On a tous quelque chose en nous de Tennessee

Cette volonté de prolonger la nuit

Ce désir fou de vivre une autre vie

Ce rêve en nous avec ses mots à lui

Quelque chose de Tennessee

Cette force qui nous pousse vers l'infini

Y a peu d'amour avec tellement d'envie

Si peu d'amour avec tellement de bruit

Quelque chose en nous de Tennessee

Ainsi vivait Tennessee

Le coeur en fi è vre et le corps d é moli

Avec cette formidable envie de vie

Ce rêve en nous c'était son cri à lui

Quelque chose de Tennessee

Comme une étoile qui s'éteint dans la nuit

A l'heure où d'autres s'aiment à la folie

Sans un éclat de voix et sans un bruit

Sans un seul amour, sans un seul ami

Ainsi disparut Tennessee

A certaines heures de la nuit

Quand le coeur de la ville s'est endormi

Il flotte un sentiment comme une envie

Ce rêve en nous, avec ses mots à lui

Quelque chose de Tennessee

Quelque chose de Tennessee

Y a quelque chose en nous de Tennessee