CAYROL, JEAN
Écrit sur le mur
J’appartiens au silence
à l’ombre de ma voix
aux murs nus de la Foi
au pain dur de la France.
J’appartiens au retour
à la porte fermée
Qui frappe dans la cour
qui fredonne la paix ?
L’aube nourrit la terre
à la source du feu
J’appartiens au ciel bleu
qui souffre sur la pierre.
Et pourquoi pas la rose,
Et pourquoi pas la rose,
dit le poète clos,
avec bien peu de chose
je vous fais un sanglot.
La rose se repent
pétale après pétale
la rose qui se vend
après la bacchanale
la rose au cœur de pierre
qui tombe avec la foudre
la rose qui passe outre
aux amants sans hiver
La rose débusquée
moite, molle, mêlée
aux chardons,
aux liserons
la rose qui m’a quitté.
La rose qui fait des scènes,
tandis que ses épines
sur les tempes divines
n’ont plus rien qui les gênent.
Et la rose empaillée
que la vieillesse oblige
la rose retraitée
où le printemps se fige.
Mais la rose
qui ose sa mort,
la rose
qu’on remet
dans les plis de la Cause.
Iris en ruine
Iris en ruine
tout défait par le souffle
et brusquement
craquant comme une momie,
croqué
un pain sans mie,
un matin sans tranchant.
Au-dessus d’un baquet
parmi ses javelots luisants
un enfant cherche le quai,
le pays troublant.
Iris sans personne,
petit parchemin déroulé
qui parle de ma Garonne,
tu reprends dans la mort
l’apparence d’une bête
sur laquelle on met le pied.
Et c’est sa graine
comme une figue inutile
que personne ne dévore
une graine de garenne.
Iris de charme
décoiffé,
pavillon pour une fée,
Iris en larmes.
Iris de la folie
comme une tombe déserte
Adieu les journées vertes,
ma fleur de l’huis.