GUÉRIN, Charles


Nuages

Nuages qui passez pour ne plus revenir.

Nuages. Beaux nuages.

Vous ressemblez aux coeurs amoureux des voyages

Qu’on ne peut retenir.

Vous ne vous ne vous mêlez point avec ceux de vos frères

Dont la foudre envieuse appesantit les flancs.
Un par un vous glissez la-haut sveltes et blancs

Et l air bleu teint les bords de vos formes légères.

L’ homme qui sur sa route. inquiet d un abri,

Au dur soleil s’avance,

Goûte pour sa fraîcheur votre brève présence

Sans en etre assombri .

La fin du jour souvent d orages bas s’encombre,

Mais vous préoccupés du chemin éternel,

Vous avez disparu sous la ligne du ciel

Après avoir béni la terre de votre ombre.


Il a plu. Soir de juin. Ecoute

Il a plu. Soir de juin. Ecoute,

Par la fenêtre large ouverte,

Tomber le reste de l’averse

De feuille en feuille, goutte à goutte.

C’est l’heure choisie entre toutes

Où flotte à travers la campagne

L’odeur de vanille qu’exhale

La poussière humide des routes.

L’hirondelle joyeuse jase.

Le soleil déclinant se croise

Avec la nuit sur les collines ;

Et son mourant sourire essuie

Sur la chair pâle des glycines

Les cheveux d’argent de la pluie