LA VILLE DE MIRMONT, Jean de


Vaisseaux, nous vous aurons aimés


Vaisseaux, nous vous aurons aimés en pure perte ;

Le dernier de vous tous est parti sur la mer.

Le couchant emporta tant de voiles ouvertes

Que ce port et mon cœur sont à jamais déserts.


La mer vous a rendus à votre destinée,

Au-delà du rivage où s'arrêtent nos pas.

Nous ne pouvions garder vos âmes enchaînées ;

Il vous faut des lointains que je ne connais pas


Je suis de ceux dont les désirs sont sur la terre.

Le souffle qui vous grise emplit mon cœur d'effroi,

Mais votre appel, au fond des soirs, me désespère,

Car j'ai de grands départs inassouvis en moi.